Face aux
appétissantes cultures qu'on leur met sous la mandibule,
il est naturel que certaines espèces de criquets
trouvent le couvert voire le gîte à leur goût. On peut
même s'étonner qu'il y ait en fait si peu d'espèces
qui en profitent. La liste ci-dessous indique les
principales espèces citées à des degrés divers comme
nuisibles aux cultures en Afrique de l'Ouest. Deux ou
trois espèces citées auraient pu être remplacées par
d'autres, certaines rajoutées, mais il faut bien faire
un choix. Dans certains cas en effet, ce statut de
ravageur n'est pas toujours aussi facile à estimer qu'on
pourrait le penser.
Schématiquement, on peut distinguer 2 grandes
catégories de criquets ravageurs.
Un tout petit nombre (Locustes [1]) sont des ravageurs
majeurs de par l'étendue géographique des pullulations
et les dégâts sévères parfois occasionnés. Leur
périodicité est néanmoins très variable à l'image du
Criquet pèlerin qui peut ne poser quasiment aucun
problème pendant plusieurs années successives, et sans
que l'Homme ne puisse prétendre s'en attribuer le
mérite.
Les autres espèces (Sauteriaux) sont des
ravageurs occasionnels avec des pullulations, hormis
certaines années, relativement localisées et éparses
mais qui peuvent causer cependant des dégâts
significatifs.
Certains ont un statut régional [2] avec possibilité de
fortes pullulations, comme le Criquet sénégalais.
D'autres [3] ont un statut très variable selon les pays
ou les années et parfois difficile à préciser. On les
observe plus fréquemment dans des zones de mosaïque où
les cultures sont disséminées dans les milieux non
cultivés, naturels ou non. Il s'agit d'ailleurs souvent
de pullulations conjointes de plusieurs espèces
partageant les mêmes milieux, sortes "d'années à
criquets" comme il en existe pour d'autres groupes
d'insectes. Le statut de ravageur prend donc parfois un
aspect collectif. A l'extrême de ce cas de figure, on
connaît des pullulations et des dégâts de certaines
espèces normalement discrètes et sans nuisibilité
(voir C.O.P.R., 1982), espèces que nous ne citerons pas
ici.
(Légende
1, 2 ou 3
= degré de nuisibilité potentielle en Afrique de
l'Ouest, du plus fort au plus faible)
Locustes
Ce
sont les criquets pouvant se présenter sous 2 formes ou
phases différentes, l'une solitaire, l'autre grégaire
(celle d'importance économique), avec diverses formes
intermédiaires entre ces deux phases extrèmes appelés transiens.
[1] Le Criquet pèlerin, Schistocerca
gregaria (Forskål, 1775).
(1) Le Criquet migrateur africain, Locusta
migratoria migratorioides (Reiche & Fairmaire,
1850)
Nous citons pour mémoire le Criquet nomade, Nomadacris
septemfasciata, ravageur de l'hémisphère Sud
africain ainsi que de Madagascar. Il est présent
localement en Afrique de l'Ouest mais n'y grégarise
pratiquement jamais et, dans ce cas, à toute petite
échelle.
Sauteriaux
Schématiquement,
ce sont les criquets chez lesquels il n'y a pas de
transformation phasaire et qui n'existent donc que sous
une seule forme. Mais il peut y avoir un comportement
grégaire très marqué (par exemple chez Zonocerus
ou Anacridium).
[2] Oedaleus senegalensis
(Krauss, 1877), le Criquet sénégalais
[2] Zonocerus variegatus (Linné,
1758), le Criquet puant
[2-3] Kraussaria angulifera
(Krauss, 1877)
[3] Aiolopus simulatrix simulatrix
(Walker, 1870)
[3] Anacridium melanorhodon
melanorhodon (Walker, 1870)
[3] Diabolocatantops axillaris
(Thunberg, 1815)
[3] Cryptocatantops haemorrhoidalis
(Krauss, 1877)
[3] Kraussella amabile (Krauss,
1877)
[3] Cataloipus cymbiferus
(Krauss, 1877)
[3] Cataloipus fuscocoeruleipes
(Sjöstedt, 1923)
[3] Hieroglyphus daganensis
Krauss, 1877
Selon les régions et les milieux, certaines pullulations
associent également diverses autres espèces communes
comme par exemple Ornithacris cavroisi, Zacompsa
festa, Pyrgomorpha "cognata" ou Chrotogonus
senegalensis. Mais comme indiqué au début, on ne
peut souvent individualiser la part des uns ou des autres
dans ces pullulations locales et cela reviendrait plus ou
moins à dresser la liste des espèces les plus
fréquentes.
Pour plus d'informations, on consultera C.O.P.R. (1982)
et Popov (1985c). On trouvera aussi ci-joint [RAV] en format pdf un
extrait d'un document un peu ancien à l'usage de
techniciens en protection de végétaux sahéliens. C'est
un peu sommaire mais, en attendant mieux (*), cela fournit
quelques informations générales sur certains de ces
criquets ravageurs.
(*) Nous
avons en préparation un document de synthèse sur les
sautériaux oust-africains d'importance économique.
Parution sans doute courant 2009.
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